Rencontre du troisième type !

Samedi matin, c'est jour de marché dans notre petite ville. Nous avons coutume d'y faire quelques provisions : pain de notre paysan boulanger, fromage et oeufs de la ferme.

A vrai dire, nos achats faits, en cette période pré-électorale nous comptions bien croiser des distributeurs de tracts et les "asticoter" un peu, surtout certains...

Seuls les tenants de Lutte Ouvrière étaient de sortie, le temps maussade peut-être. Bises à Patrice et à Micheline que nous connaissons depuis longtemps et nous repartons vers notre voiture.

En bas de la place, arrive un homme plutôt corpulent, 45-50 ans dont les traits ne me sont pas inconnus ; mais oui, c'est O ! Il y a plus de 25 ans de cela, je l'ai eu comme élève, un gentil garçon, en difficultés mais plein de bonne volonté. Je l'ai ensuite revu épisodiquement, il passait parfois à la maison, dire bonjour. La dernière fois que nous étions rencontrés, c'était à une manifestation de soutien aux Fonderies où il a travaillé.

Il nous raconte brièvement sa vie : son invalidité, son installation à Châtellerault après son divorce, son fils (que j'ai eu aussi comme élève) mécanicien et bientôt papa, sa fille qui se dirige vers les métiers de l'hôtellerie. Il va bien après une période difficile, et même il fait de la politique, il est sur une liste. Une inquiétude m'étreint, voyons pas la liste Guérin, pas la liste Abelin, les noms sont parus. Il reste la liste Villeret et ... Audebert. Non, pas le FN, un ancien ouvrier, autrefois syndicaliste CGT, d'une famille sympathisante communiste, ce n'est pas possible. Et bien si, il est fier de nous annoncer cette grande nouvelle. D'abord interloquée j'essaie de le raisonner, d'argumenter et je comprends vite que pour lui cette adhésion est toute naturelle, elle ne pose pas problème. "Avec le père (Le Pen), je n'y serais pas allé mais avec la fille, c'est pas pareil ". Voilà, à plus de 60 ans, je rencontre mon premier FN assumé, en plus il est candidat aux élections et le comble, je le connais pour être un brave type.

Comment en est-on arrivé là ? La vie difficile, les échecs, le sentiment d' être abandonné par cette société qui ne vit que pour l'argent et soudain des gens qui vous parlent, à vous, et qui vous proposent de jouer un rôle important : candidat. La belle revanche sur cette triste vie !

Et moi, avec mes belles paroles, je me sens démunie, désemparée et j'en veux à ceux qui par leurs politiques passées et présentes nous ont conduits à cette situation.

Rencontre du troisième type, vous comprenez maintenant !